Interviex préparatrice en pharmacie

Face à face avec Nidha, préparatrice en pharmacie en passe de devenir pharmacienne

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Nidha, j’ai 26 ans et j’ai obtenu mon BP Préparateur en Pharmacie en 2016. Durant mes études j’étais apprentie dans une pharmacie de quartier où j’ai pu déjà acquérir une première expérience enrichissante (3 jours à l’école, 2 jours en officine). J’ai ensuite obtenu un contrat à temps plein dans cette même pharmacie jusqu’en septembre 2021.

Pourquoi vous être dirigée vers les métiers de la santé ? et plus spécifiquement la pharmacie d’officine ?

métier de la santé

Icône Flaticon par Mayor Icons

J’ai toujours aimé tout ce qui est en rapport avec la santé.

Aider les patients, connaître les différentes pathologies je trouve ça vraiment passionnant. J’ai été très motivée à rejoindre ce domaine et les métiers de la pharmacie d’officine proposaient un bon compromis entre le soin de santé et la proximité avec la patientèle.
Après mon Baccalauréat ST2S j’ai donc poursuivi mes études avec le Brevet Professionnel de Préparateur en Pharmacie.

Quelles étaient vos missions en tant que préparatrice en pharmacie ?

En tant que préparatrice en pharmacie les missions sont variées. Il y a tout ce qui est en lien avec le patient : la délivrance des traitements sur ordonnance, le suivi thérapeutique des patients chroniques, la mise en place de piluliers …

Sans oublier les tâches liées au bon fonctionnement de l’officine comme la réception des commandes, l’inventaire des stocks, la mise en place des produits en rayon et parfois quelques préparations magistrales.

Depuis le début de la crise sanitaire, il y a également eu beaucoup à faire concernant le Covid-19, notamment les tests antigéniques.

La plupart du travail des préparateurs en pharmacie est supervisé par le pharmacien titulaire ou un de ses adjoints.

Comment est née l’envie d’évoluer professionnellement et de reprendre les études ?

Il y a plusieurs facteurs qui m’ont poussé à voir plus grand.

D’abord, j’aime particulièrement la relation avec la patientèle. En officine, une grande partie du travail est d’être à l’écoute, de proposer un accompagnement pour le patient lorsqu’il en a besoin. L’espace de confidentialité est parfait pour cela car il nous permet de prendre du temps pour donner des conseils et surtout rassurer. On devient le confident du patient, il partage des choses très personnelles avec nous. Moi j’aime ce contact et pouvoir suivre la personne sur le long terme pour savoir comment il va, si la posologie lui correspond, s’il a eu un changement de traitement …

Avec le temps je me suis rendue compte que j’étais limitée à mon poste. Je ressentais le frein de ne pas avoir le diplôme de docteur en pharmacie pour passer l’étape supérieure en matière d’accompagnement patient, mais aussi d’être plus autonome dans ma prise de décision et ne pas devoir dépendre du pharmacien pour chaque décision.

Tout cela était devenu une grande source de frustration, car quand je commence quelque chose, je veux toujours aller au bout.

C’est au détour d’une conversation avec des collègues qu’on a abordé le sujet. Je leur ai simplement dit :

« Si seulement je pouvais devenir pharmacien pour pouvoir plus m’investir »

C’est à ce moment qu’elles ont évoqué la passerelle ouverte aux préparateurs en pharmacie pour reprendre les études. Je n’en avais jamais entendu parlé et je me suis dit « Pourquoi pas moi ? »

Qu’est-ce qui vous attire dans le métier de pharmacien qui n’est pas possible en tant que préparatrice en pharmacie ?

Il y a des missions qui m’intéressent beaucoup, mais qui sont réservées au pharmacien. Réaliser les bilans et entretiens de médication, vérifier les piluliers et autres préparations …

Il y a aussi des connaissances scientifiques qui me manquaient pour expliquer certaines choses aux patients. Je devais alors les orienter vers le pharmacien ou la pharmacienne pour qu’ils puissent répondre à leurs interrogations.

Icône Flaticon par Mayor Icons

Comment s’est déroulée votre candidature pour rejoindre cette passerelle vers les études de pharmacie ?

J’ai été très soutenue dans ma démarche. Par ma famille et mon père d’un côté, mais aussi par mes collègues de travail.

Il faut savoir que pour tenter sa chance, il faut déposer sa candidature avant le 15 mars de chaque année. Il faut alors faire un CV très détaillé en présentant son parcours et les différentes formations complémentaires suivies. Il faut aussi réaliser une lettre de motivation très argumentée. Pour mon dossier de candidature, j’ai mis toutes les chances de mon côté. Il y a très peu de places qui sont ouvertes via la passerelle. Mon dossier a été déposé en mars 2022.

J’ai passé cette première étape et j’ai reçu une convocation pour l’épreuve orale en mai. Cette deuxième phase de sélection s’est déroulée à la Faculté de médecine de Kremlin Bicetre face à un jury de 7 personnes. Il y avait le Doyen, la vice doyenne ainsi que des professeurs.

  • La première partie de l’oral consiste à se présenter en 5 minutes. Il faut donc s’être entraîné pour bien dire tout ce qu’on a à dire sans dépasser ce temps. Il faut aussi faire le maximum pour avoir l’air naturel et montrer qu’on est sûr de nous.
  • La 2ème partie est consacrée aux questions. On m’a interrogé sur ma personnalité, ma préparation, si j’étais consciente de ce qui m’attendais, de comment j’allais subvenir à mes besoins durant ma reprise d’études …

C’est le 3 juin que j’ai su que j’étais admise dans cette passerelle et que je rejoindrai la 2ème année en Fac de pharmacie à la rentrée de septembre 2022.

Comment vous êtes-vous préparée à la reprise des études ?

Icône Flaticon par Mayor Icons

Pour ce nouveau projet, j’ai décidé de prendre une année sabbatique, c’est la raison pour laquelle j’ai quitté mon poste. Je n’ai pas chômé pour autant, car j’ai suivi les cours de la P0 à partir de septembre 2021. Ce cursus de remise à niveau a vraiment été d’une grande aide. Cela faisait 5 ans que j’avais quitté l’école et ce m’a permis de me remettre dans le bain petit à petit.

J’ai eu des cours de chimie, d’anatomie, de chimie organique et de méthodologie. La cadence de travail est très différente de celle que j’avais connu auparavant. Même si ça a été un gros investissement en temps et en argent, je ne sais pas si j’aurais été capable d’intégrer la 2ème année d’études en pharmacie sans cette préparation.

Comment se passe votre année universitaire ?

Reprendre ses études alors qu’on s’est lancée dans le monde du travail depuis quelques années, ça demande beaucoup de sacrifices. On voit moins ses amis, sa famille, il faut vraiment se concentrer sur son objectif !

J’ai la chance que ma faculté propose la plupart de ses cours en visioconférence. Cela me permet de ne pas perdre du temps dans les transports. Je suis à 2h30 de ma fac en transport en commun, 1h30 en voiture. Les cours magistraux à distance ça m’aide à m’organiser.

Bien sûr il y a aussi les TD et TP qui ont lieu l’après-midi. L’emploi du temps varie souvent. Lorsqu’il n’y en a pas ça permet de réviser tranquillement chez soi. Il y a beaucoup de travail personnel à fournir. Il faut travailler régulièrement. La semaine passe très vite et les semaines défilent.

Ce n’est pas possible de maintenir une activité professionnelle à côté, ou bien quelques week-ends par-ci par-là.

Pensez-vous avoir un avantage particulier par rapport à des étudiants ayant suivi le cursus « classique » ?

Je ne me sens pas particulièrement avantagée par rapport aux autres étudiants. Je connais déjà les médicaments, mais les cours restent très difficiles. Les anciens première année semblent à l’aise face à la théorie, moi je dois redoubler d’effort en cette 2ème année.

Mon petit plus est peut-être ma maturité et mon expérience du terrain. J’espère que ça m’aidera dans la suite du cursus. Pour le moment l’enseignement reste très théorique.

Icône Flaticon par Mayor Icons

Quels sont vos projets après l’obtention de votre diplôme de Docteur en pharmacie ?

Mon père rêve que j’ouvre ma propre pharmacie d’officine. Je souhaite d’abord faire mes preuves en tant que pharmacienne avant de devenir titulaire.

Pendant longtemps j’ai eu un peu peur de ce que cela impliquait en terme de gestion de tenir un commerce comme une pharmacie. C’est beaucoup de responsabilités, mais oui, c’est un projet à moyen long terme.

News

Laisser un commentaire