Les conseils du pharmacien pour prévenir le choc toxique menstruel
Bien que le syndrome du choc toxique menstruel soit une complication rare dans la vie des femmes, sa gravité justifie une sensibilisation et une prévention adéquate des patientes, mais aussi des professionnels de santé. 3S Santé fournit ici des éléments clés pour comprendre ce type d’infection, mais aussi les conseils à partager aux femmes en officine.
Qu’est-ce que le syndrome du choc toxique menstruel ?
Définition du choc toxique menstruel
Le syndrome du choc toxique menstruel ou SCT est considéré comme une maladie infectieuse plutôt rare. Il s’agit d’une complication grave et potentiellement mortelle si la pathologie n’est pas diagnostiquée et traitée rapidement.
Ce choc toxique menstruel ne fait pas partie des IST (infections sexuellement transmissibles) mais est lié à l’afflux de sang dans le vagin pendant les règles.
Quelle est l’origine du choc toxique menstruel ?
Le SCT menstruel est associé à l’utilisation de dispositifs intravaginaux (tampons hygiéniques, coupes menstruelles, diaphragme, éponge menstruelle …) durant la période des règles. Explication :
La flore vaginale contient naturellement de nombreuses bactéries et c’est la souche Staphylococcus aureus qui peut s’avérer dangereuse.
Le sang stagnant au niveau du tampon périodique ou de la coupe menstruelle offre un environnement propice au développement de ce staphylocoque doré et celui-ci produit de la TSST-1 (Toxic Shock Syndrom Toxin-1)une toxine qui est très mauvaise pour l’organisme.
Cette toxine peut en effet se retrouver dans le sang en passant à travers la muqueuse vaginale et contaminer nos organes (poumons, foie, rein, cœur, cerveau, membres …).
Le choc toxique menstruel en chiffres
Une vingtaine* de cas par an en France
Entre 60% et 80% des femmes utilisent des tampons durant leur période de règles
1% à 5% des femmes sont porteuses de la bactérie S. aureus d’après Eclinial Medecine
Multiplication par 2 du risque de SCT menstruel lorsque la protection interne est portée plus de 6h
Multiplication du risque par 3 quand elle est portée toute une nuit
Les premiers symptômes peuvent apparaître dans un délai de 3 à 5 jours après le début des règles
*Chiffre probablement sous-estimé et à prendre en compte avec prudence car cette maladie n’est pas toujours déclarée.
Reconnaître les symptômes du choc toxique menstruel
Pour réagir rapidement et éviter une aggravation de la maladie, il est essentiel de connaître les symptômes typiques du syndrome de choc toxique menstruel :
- Fièvre soudaine et supérieure à 39°c
- Sensation de malaise
- Douleurs musculaires, céphalée et maux de gorge semblable à un état grippal
- Et/ou Gastroentérite avec vomissements et diarrhée
- Eruption cutanée similaire à un coup de soleil
Précarité menstruelle et santé des femmes
La précarité menstruelle peut être une des raisons qui poussent les femmes à porter leurs protections périodiques pendant des périodes prolongées, augmentant de fait le risque infectieux. Ainsi, le risque pour leur santé n’est pas à prendre à la légère.
En 2024, le gouvernement a prévu d’améliorer la lutte contre la précarité menstruelle et de faciliter l’accès aux protections hygiéniques pour les femmes de moins de 25 ans et les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire. Ainsi, ces femmes pourraient récupérer en pharmacie différentes protections périodiques réutilisables (coupes menstruelles, serviettes et culottes lavables) avec un remboursement à 60% de la sécurité sociale.
Cette décision a été adoptée lors du Plan de Financement de la Sécurité Sociale, mais les produits pris en charge en pharmacie ne sont pas encore connus.
>> Ce qui change pour la santé des Françaises en 2024
Les conseils du pharmacien pour prévenir le choc toxique menstruel et savoir comment réagir
Lire les notices d’utilisation des protections hygiéniques
Cela peut paraître anodin pour des produits de consommation courante comme les protections hygiéniques. Toutefois, les emballages indiquent certaines consignes pour une utilisation optimale et sans risque des protections périodiques. Il faut donc se les remémorer de temps à autre et suivre scrupuleusement ces recommandations :
- Usage lié au cycle menstruel
- Durée maximale
- Une seule protection à la fois
Se laver les mains avant et après les changements de protection interne
Une bonne hygiène des mains permet de se protéger de nombreuses maladies en se débarrassant d’agents potentiellement pathogènes. C’est aussi valable quand vous enlevez ou installez un dispositif dans une zone aussi sensible que le vagin.
Ainsi, lavez-vous les mains avec de l’eau et du savon, avant et après chaque changement de protection menstruelle.
Respecter les délais prévus entre les changements de protection
Il faut éviter de conserver un tampon ou une coupe menstruelle plus de 6 heures.
Changer sa protection aussi régulièrement que possible permet de limiter la prolifération bactérienne et le risque de syndrome de choc toxique menstruel.
Préférer les protections hygiéniques externes la nuit
Pour les plus longues durées, comme la nuit, privilégiez plutôt les protections périodiques externes telles que les serviettes hygiéniques (à usage unique ou lavables) ou les culottes menstruelles.
Cette habitude permet de réduire le risque de choc toxique menstruel.
Choisir un produit adapté à son flux
Utiliser des tampons ou cups avec un niveau d’absorption adapté à son flux menstruel favorise les changements réguliers. Evitant ainsi la prolifération bactérienne.
Ne pas porter de protections internes en dehors des règles
Il n’est pas nécessaire, ni recommandé de porter des tampons ou coupes menstruelles en dehors des jours de règles. Cela aide le vagin à maintenir son équilibre naturel et évite certaines irritations ou autres inconforts causés par ces protections intimes.
Désinfecter les cups menstruelles entre chaque usage
En tant que protection intime réutilisable, la cup est pratique mais doit être désinfectée avec soin entre chaque utilisation afin de se prémunir contre de potentielles infections. Ainsi, il faut la nettoyer au minimum avec de l’eau et du savon, voire la stériliser pour éviter toute contamination du produit.
Ne plus utiliser de protections hygiéniques internes si vous avez déjà eu un SCT
Les femmes qui ont déjà vécu un épisode de choc toxique menstruel doivent renoncer à l’utilisation de tampons et cups menstruelles.
De même, en cas d’irritations ou de lésions vaginales, il est préférable de choisir des protections hygiéniques externes pour éviter le développement de staphylocoques et le passage de toxines dans le sang.
Les réflexes en cas de suspicion de choc toxique menstruel
En cas de suspicions de SCT menstruel après l’apparition des premiers symptômes, il faut enlever immédiatement le tampon ou la coupe et consulter en urgence. La prise en charge médicale doit en effet être rapide afin de proposer à la patiente un traitement immédiat. Pour éviter toute complication grave, des traitements de type antibiotiques et immunoglobulines sont administrés par voie intraveineuse.
En rappelant ces conseils simples aux adolescentes et femmes menstruées, le pharmacien ou la pharmacienne peut réduire de manière considérable le risque de développer un syndrome du choc toxique menstruel. Les différents sujets liés à la santé féminine sont pris au sérieux par les professionnels d’officine 3S Santé.
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Les pharmaciens, préparateurs et étudiants en pharmacie qui rejoignent les rangs des pharmaciens titulaires sont formés et expérimentés pour accompagner les patients en officine quels que soient leurs maux.