Renoncement aux soins de santé : quel rôle pour la pharmacie d’officine ?
Le renoncement aux soins de santé est un enjeu majeur de santé publique en France. Selon l’IPSOS, près de 6 Français sur 10 déclarent avoir déjà reporté ou renoncé à des soins. Ce phénomène accentue les inégalités avec des conséquences directes sur l’état de santé de la population.
Dans ce contexte, la pharmacie d’officine apparaît comme un acteur de proximité incontournable pour réduire les obstacles à l’accès aux soins. 3S Santé vous présente dans cet article pourquoi et comment ?
Comprendre le renoncement aux soins de santé
Le renoncement aux soins désigne le fait pour une personne de ne pas consulter un professionnel de santé, de ne pas acheter un traitement ou de repousser un examen médical, même lorsque cela est nécessaire.
Définition officielle du renoncement au soin
La DREES définit le renoncement aux soins comme le fait, pour une personne, de déclarer avoir différé ou renoncé à un soin de santé dont elle avait besoin, que ce soit pour des raisons financières, pratiques (délai, distance) ou personnelles (organisation, expériences passées). Cela englobe des phénomènes complexes et assez proches que sont “le non recours aux soins” et “les besoins de santé non satisfaits”.
L’INSEE note que le renoncement touche plus fortement les étudiants, les ménages modestes, les personnes âgées et les habitants des zones rurales.
Différents types de soins concernés
- Soins médicaux : consultations de médecins généralistes ou spécialistes.
- Soins dentaires : souvent repoussés en raison du coût élevé, même avec une couverture partielle.
- Soins optiques et auditifs : particulièrement concernés avant la mise en place du dispositif « 100 % Santé ».
- Médicaments : certaines personnes renoncent à acheter les traitements ou dispositifs médicaux prescrits, même indispensables.
- Prévention : dépistages et bilans de santé gratuits sont parfois négligés, faute d’information ou de disponibilité.
Les causes majeures du renoncement
- Financières : reste à charge trop élevé, absence ou insuffisance de complémentaire santé.
- Organisationnelles : délais pour obtenir un rendez-vous médical, manque de professionnels dans certaines zones (déserts médicaux), difficultés de transport, manque d’accessibilité PMR…
- Psychologiques et sociales : peur du diagnostic, méconnaissance des droits, isolement social, manque de confiance dans les institutions et discours scientifiques
Les chiffres du renoncement aux soins en France
9,8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France en 2023 (INSEE)
45% des Français ont déjà renoncé à se soigner faute de rendez-vous disponible (UFC Que Choisir)
6 jours, c’est le délai d’attente moyen pour un rendez-vous chez le généraliste en 2023 (Statista)
Cela se compte en mois, voire en année pour les rendez-vous auprès de spécialistes selon les régions
« 100 % Santé », est un dispositif qui prend en charge certains soins dentaires, optiques et auditifs, a permis une amélioration, mais les inégalités persistent.
Conséquences sur la santé publique
Le renoncement aux soins a d’ores et déjà un impact marqué sur la Santé Publique au niveau national.
On peut par exemple citer :
- Les retards de diagnostic : maladies chroniques, cancers
- L’aggravation des pathologies, faute d’une prise en charge précoce et/ou régulière
- La hausse des hospitalisations qui auraient été “évitables” et qui représentent alors un coût financier plus élevé pour le système de santé, mais aussi une perte de chance de guérison ou de qualité de vie pour le patient.
Pourquoi la pharmacie est un acteur clé contre le renoncement aux soins ?
La pharmacie, premier recours de proximité
Accessibilité géographique : un maillage territorial unique
Avec près de 20 000 officines en France, la pharmacie représente le premier réseau de santé de proximité. Contrairement aux médecins généralistes, dont la répartition est inégale selon les régions, les pharmacies d’officine restent encore bien réparties sur le territoire même dans de nombreuses zones rurales.
Absence de créneaux de rendez-vous nécessaires
La pharmacie d’officine est accessible sans rendez-vous à des horaires d’ouverture bien souvent étendus et 5,5 jours sur 7. Cette disponibilité permet de lever un frein majeur au recours aux soins. Elle offre un premier contact immédiat avec un professionnel de santé qui peut fournir des traitements sans ordonnances, apporter des conseils, orienter vers des soins plus spécifiques…
Une relation de confiance avec le pharmacien
Le pharmacien est souvent perçu comme un interlocuteur de confiance, disponible pour répondre aux questions et accompagner les patients. Cette proximité favorise la levée de barrières psychologiques ou organisationnelles au suivi médical pour une grande majorité des Français.
Un rôle de conseil et d’orientation
Dépistages en officine
De plus en plus de pharmacies proposent des dépistages rapides : tension artérielle, glycémie, tests Covid-19, grippe, cystite ou encore angine. Ces services permettent de détecter précocement des pathologies et d’orienter rapidement les patients pour une prise en charge adaptée.
Accompagnement à l’observance thérapeutique
Le pharmacien joue également un rôle essentiel dans le suivi des traitements. D’abord en rappelant les posologies, en expliquant les effets secondaires et en encourageant la régularité des prises. Cet accompagnement réduit le risque de complications et de rechutes. Dans une grande partie des traitements contre les maux de l’hiver, son discours peut permettre de lutter contre l’antibiorésistance en insistant sur l’importance de la prise du traitement selon les quantités et durées recommandées.
Orientation vers les structures adaptées
Le pharmacien peut orienter un patient vers un médecin généraliste, un spécialiste ou un service hospitalier en fonction des symptômes qui lui sont présentés. Il contribue ainsi à fluidifier le parcours de soins, en particulier pour les patients qui hésitent à consulter où ne sauraient comment évaluer la gravité ou non d’un problème de santé et du professionnel le plus adapté à répondre au besoin.
La checklist des actions pour limiter le renoncement aux soins en tant que professionnels d’officine :
- Proposer des dépistages et bilans de santé.
- Informer les patients sur les dispositifs de prise en charge (100 % Santé, Complémentaire Santé Solidaire).
- Encourager l’utilisation des médicaments génériques.
- Orienter rapidement vers un médecin ou une structure de soins en cas d’alerte.
- Développer la téléconsultation en pharmacie.
Le renoncement aux soins reste un défi majeur pour notre système de santé. Face à cette réalité, la pharmacie d’officine joue un rôle déterminant. En effet, à leur niveau les pharmaciens et préparateurs en pharmacie peuvent contribuer à réduire les inégalités d’accès aux soins.
Cependant, pour que les officines puissent jouer ce rôle, il leur faut d’abord relever un enjeu au sein même de leurs équipes : recruter, fidéliser et remplacer des professionnels. 3S Santé accompagne les titulaires dans ce type de besoin en leur proposant des candidats qualifiés et en se chargeant de tout l’administratif lié à la mise à disposition des intérimaires.
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